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Mes Amis

d'Emmanuel Bove

Etape de travail / première maquette

Compagnie Structure
adaptation et jeu Airy Routier

« Mes amis, il n'y a pas d'ami » - Aristote

Mes amis est un court roman composé de plusieurs nouvelles reliées par un narrateur unique, Victor Bâton. Chaque nouvelle est le récit, à la première personne, de rencontres faites avec divers individus au gré d'errances dans les rues de Paris. L'action se situe dans les années 1920.
Victor Bâton vit seul et souffre de cette solitude. Il s'ennuie, ne travaille pas et ne veut pas travailler. C'est un rêveur. Pour chasser son ennui, il se promène sans cesse avec l'espoir de rencontrer quelqu'un.

« Lorsque je sors de chez moi, je compte toujours sur un événement inattendu qui bouleversera ma vie. »

Chaque rencontre se termine par un échec qu'il impute aux circonstances, aux intentions de l'autre, jamais à sa propre maladresse ni à ses intentions à lui. C'est un homme qui s'efforce de se poser en observateur impartial des événements qu'il vit.

Cette « hauteur de vue » d'un dépressif auto-centré crée des effets comiques : l'humour vient du décalage entre sa perception des évènements et la réalité dont nous, spectateurs, sommes témoin.

S'il exprime le souhait d'une vie ordinaire (des amis, une famille, du travail), les efforts pour y parvenir lui sont trop pénibles. Il préfère y rêver.

Sa « zone de confort » est sa tristesse, sa solitude et la pitié qu'il a de lui-même. S'il croise un homme riche, il ferme les yeux et aussitôt cet homme lui lègue sa fortune en mourant. S'il croise une femme, celle-ci devient « une amante grisée qui s'abandonne en lui mouillant le menton de ses baisers ». En vérité il mange assez souvent à la soupe populaire et la doublure des manches de son pardessus est déchirée. S'il lui arrive de rendre un (petit) service à quelqu'un, il fait vite comprendre à la personne qu'elle lui est redevable. Pas étonnant que les amitiés ne durent pas.

Il met en scène sa médiocrité d'âme et ne s'épargne rien. Ce faisant il nous fait rire et par ce rire nous est rendu aimable.

C'est aussi un doux, un contemplatif, qui réussi le tour de force de faire de son nombril un paysage.