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Pour son bien
Le ciel est au-dessus / novembre 2024
Samedi 16 novembre à 17h

Réservation indispensable au 01 43 63 41 61 ou


Pour son bien 

Poème documentaire

Cie Le ciel est au-dessus

Etape de travail

Texte, conception Ruth Olaizola
Avec Saadia Bentaïeb, Ruth Olaizola, Gwennaëlle Roulleau
Scénographie, lumières Orazio Trotta
Son, musique Gwenaëlle Roulleau
Collaboration artistique Lucia Trotta
Remerciements à Isabelle Charaudeau et Nathalie Dorion pour leur regard

En juillet 2017, j’ai lu les lettres de Camille Claudel à son frère Paul au Festival de la correspondance de Grignan (mise en espace Marie Bouhaïk-Gironès, avec Mohamed Rouabhi). A partir de là, j’ai plongé plus profondément dans sa correspondance et les archives la concernant. Quand j’ai constaté comment dans le huis-clos de l’internement de l’asile psychiatrique on empêche ses lettres de circuler (l’artiste est interdite de visite et de courrier), je me suis dit qu’il y avait là un fil à tirer. L’envie de tisser une histoire et d’écrire s’est imposée à moi. Puis, avec le confinement, c’est devenu une évidence, il fallait mettre en marche ce projet, il était en résonnance avec ce que nous vivions. 

Pour son bien est une pièce de théâtre qui parle de filiation et de secrets, d’enfermement.
Entre poème théâtral et documentaire, le récit d’une narratrice se tisse à travers les lettres écrites par Camille Claudel, celles qu’on lui a envoyées, la correspondance entre sa mère et le corps médical, et les bilans mensuels sur la malade lors de sa première période d’internement en hôpital psychiatrique (1913-1923), période charnière. En essayant de retracer et comprendre l’itinéraire avorté des lettres censurées et les différents enjeux, nous entrons dans un univers kafkaïen où les frontières entre folie et réalité sont mouvantes. Les lettres sont comme des puits dans lesquels nous tombons, des appels au secours, des invectives, des miroirs. Elles nous montrent des êtres qui enferment et s’enferment et qui entrent dans une spirale dont ils ne peuvent pas sortir. Elles racontent aussi par leur absence, car avec l’arrivée de la guerre beaucoup se sont perdues ou ont été détruites. Elles sont l’expression du tragique de l’absence, de la solitude ; d’un face à face entre une mère et une fille, à distance et jamais frontal.

Notre projet pourrait avoir comme intitulé Camille-matériau, jouant de la référence à l’« art brut », les faits sont donnés à l’état brut, sans mystification ni manichéisme. Il n’y aura ni incarnation de Camille Claudel ni reconstitution de son atelier, ni argile, ni sculptures. Camille et sa mère sont comme des fantômes que la narratrice convoque, et je pense ici à la référence du fantôme dans la psychanalyse transgénérationnelle (« le fantôme dans la crypte »).

Ruth Olaizola