Reporté en janvier 2021
d'après Fairy queen d'Olivier Cadiot
Première tentative
Lilas en Scène
Mis en musique par Hugues Genevois,
en image par Boris Carré,
en lumière par Antoine Dubois,
et en voix par Marion Suzanne.
L’histoire ? Une performeuse bien contemporaine
- elle pratique le « neuron’art ? le vocal-en-relief art ? le théâtre direct-brut ? on trouvera un nom plus tard, vaut mieux dire tout simplement Ce sont des poèmes. Féérie à domicile. » -
a anachroniquement rendez-vous chez Gertrude Stein.
Fairy queen espère que sa prestation dans le Salon de la rue de Fleurus qui a vu défiler l’avant-garde artistique et littéraire du monde entier – du début du XXème siècle - sera sa chance.
Spirit of **** est une création collective à partir du texte d’Olivier Cadiot publié chez P.O.L, Fairy queen.
Hugues Genevoix, Boris Carré, Antoine Dubois et Marion Suzanne ont imaginé une forme immersive, une performance à quatre, un concert multimédia qui aurait quelque chose à voir aussi bien sûr avec le théâtre pour rendre compte de ce texte poétique, foisonnant, sensitif et libre.
Le projet est né à Lilas en Scène. Il réunit des artistes qui s’y sont rencontrés, y ont répété et présenté leur travail. Marion Suzanne est artiste associée de longue date, Hugues Genevois est reçu régulièrement : L’œil écoute aux côtés de Jean Haury, Judith et György Kurtag Jr., Serge Laubier et Vincent Goudard, Art&Fact, écouter autrement avec Pascale Criton, puis Ouïr sans entraves imaginé par le trio Déjà-là et la compagnie Décor Sonore. Boris Carré a accompagné Guillaume Clayssen et Mathilde Gentil dans leurs créations.
C’est donc tout naturellement que Lilas en Scène leur ouvre les portes pour cette résidence de recherche.
Le mode d'écriture traduit la volonté d'une démarche collégiale, chacun proposant des pistes à partir du texte, le moment des répétitions communes devant être une expérience chaque fois renouvelée.
Il est important de noter que le spectacle n’est pas réglé à l’avance. Les répétitions consisteront à imaginer une grammaire, à mettre en commun des banques de sons, d’images, de possibilités d’interprétation mais qui ne seront pas fixées. Il s’agira bien d’une performance en ce sens qu’elle ne sera pas reproductible à l’identique.
Cette fabrique en direct donne à ressentir l’atmosphère de risque qui suinte du récit. Spirit of**** se met en scène instant après instant, sans préméditation.
Le titre, Fairy queen, est aussi, en lui-même, une évocation musicale : il fait explicitement référence au Fairy queen d'Henry Purcell, "semi-opéra" adapté assez librement du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. On parle à son sujet de spectacle total, festif et éclatant et nous comptons bien que notre Fairy queen le soit aussi. L’œuvre de Purcell est dénuée de vraisemblance narrative, celle d’Olivier Cadiot l’est aussi à bien des égards. Et notamment parce que la performeuse ne peut pas avoir rencontré Gertrude Stein, elles n’ont tout simplement pas vécu à la même époque. Comme Purcell, Cadiot peint la nature et son univers onirique et allégorique, il met en scène des personnages grotesques et des figures surnaturelles. Il est sans cesse question de métamorphoses de la nature.
À la lecture, une cadence s’impose très vite.
Geysers de pensée qui surgissent à intervalles non réguliers, aucun jaillissement ne ressemblant au précédent, dans son ton, dans son propos.
C’est un texte exigeant ; il semble fait pour être dit et non pas lu.
C’est de la poésie avant d’être un roman.
Il appelle l’incarnation.
Notre travail d'écriture scénique tente de rendre compte de cette sensation poétique. Il ne s'agit pas d'enjoliver le texte mais de se donner la même liberté que son auteur.
Liberté d'associations, liberté des réminiscences, liberté des images, des sons et des rythmes.